Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/26

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FLORÉAL

Le soleil, dans sa route céleste, s’est élevé sur l’horizon au signe du taureau zodiacal, et ses rayons plus chauds hâtent la végétation. À la vieille muraille du jardin « pendillent » les giroflées aux fleurs d’or, et, dans un coin à l’écart, un lilas exhale sa douce odeur. En bordure des allées, les fraisiers sont fleuris, et dans les branches d’un vieux poirier, un couple de « cardils » a caché son nid.

Il fait bon, à la vesprée, longer les prés où chante le grillon : où sous l’herbe drue piètent les cailles ; où la fléole hausse son épi semblable à une mince fusée d’artifice ; où la flouve odorante jette son rustique parfum que l’on met en flacon pour les belles citadines lassées des puantes odeurs du musc et du patchouli. Dans les lieux incultes et vagues, les vieux chemins, les « codercs » ; dans les terres et les friches pierreuses, dans les bois, partout, les plantes fleurissent ; les herbacées et les ligneuses, les vénéneuses et les innocentes : la jusquiame à la senteur fétide ; le myosotis des amoureux ; la renoncule âcre, que nous appelons paütoloubo, parce que la feuille a quelque rapport avec l’empreinte d’un pied de louve ; le millepertuis, criblé de petits trous auxquels il doit son nom ; la viorne ou aubier ; l’euphorbe des bois au suc dangereux ; la grande marguerite, jolie dans la prairie, mais qui fait un détestable fourrage ; l’hellébore ou herbe aux « fades », jadis spécifique contre la