Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/28

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économiques. Les mariages, sérieusement pourpensés, se font principalement au carnaval, temps de festoiements et de bonne chère : ainsi on fait d’une pierre deux coups, comme on dit. Une autre circonstance sert aussi à fixer la date des noces campagnardes, c’est l’époque où on tue « le cochon », époque qui, selon les maisons et le degré d’engraissement de l’animal, varie en général de la Saint-Martin au Mercredi des Cendres. À ce moment, on est riche en victuailles fraîches ou conservées ; on a des boudins, des saucisses, des andouilles pendues aux poutres du plancher, ou bien du salé dans le saloir et du « confit » dans les « toupines ». Et puis, l’hiver, les travaux de la terre pressent moins, on est quelquefois « de loisir » et on en profite pour se marier, car nos gens sont très fort ménagers du temps.

En Floréal, on a d’autres chats à fouetter. Au commencement, les retardataires sèment les carottes fourragères, le sarrazin — dans les cantons du Périgord qui jouxtent le haut Limousin, — le chanvre aussi, mais ceux-là sont rares. On ne fait plus guère dans les maisons ce bon linge solide dont on ne voyait plus la fin ; il n’y a plus que quelques anciennes, entêtées des usages d’autrefois, qui en font semer à leur homme. On ensemence aussi les dernières avoines, ou « civades », et les orges peu communes au pays. Partout dans les terres il ne se voit que gens au travail. On sarcle les seigles, les blés froments, les fèves, les pommes de terre, les « blés rouges » ou maïs, les haricots, les « jutes », puis, le tout confié à la bonne terre, on attend la récolte en s’embesognant à autre chose.