Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/42

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ni juste, ni équitable, ni humain, ni prudent. Il est difficile de penser de sang-froid à des cruautés sociales telles que celles-ci et le supplice des battaisons infligé aux femmes. La colère fait bouillir le sang, et il faut être solidement persuadé que la violence est mauvaise en soi, pour ne pas souhaiter le chavirement d’une société où de pareilles choses sont possibles, et qui les voit sans s’émouvoir.

De telles iniquités sont rendues plus odieuses encore par le contraste d’un luxe insolent, d’une oisiveté coupable, qui, jusque dans les campagnes, viennent insulter à la pauvreté et narguer la dure vie du paysan. Ainsi, en ce temps des moissons, les routes redevenues belles, les automobiles remisées l’hiver recommencent à écraser le monde. Des terres où ils scient le blé, ce blé qui doit nourrir de sa plus fine fleur les inutiles qui sont légion, les gens voient passer à une allure insensée des otieux malfaisants qui, pour satisfaire leur manie maladive de la vitesse, écrasent sans sourciller des passants paisibles. Lorsqu’ils n’écrasent personne, ces fous alarment les populations par ce danger permanent qui rend maintenant les routes si pleines d’insécurité, notamment dans la traversée des bourgs et des villages. Quel est, non pas seulement l’enfant, le vieillard, l’infirme, mais l’homme valide qui peut se flatter d’être à l’abri d’un accident de ce genre ?

Après les lamentables et fréquents exemples de vies humaines sacrifiées insouciamment à une passion stupide, à la vanité idiote de gens fiers de la vitesse de leur machine, comme d’autres des jambes de leurs chevaux, qu’est-ce que les accidents