Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/91

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manger l’écorce des arbres. Au milieu du dix-septième siècle, les missionnaires de « Monsieur Vincent », comme on appelait le futur saint, font connaître des faits épouvantables : troupeaux d’hommes fouillant la terre comme des pourceaux pour y chercher quelques racines ; bêtes crevées, en putréfaction, dévorées par des affamés ; et nombreuses créatures humaines mortes de faim !

En ce siècle-là, la famine est en Périgord comme partout. Le paysan de France meurt de faim. Lorsque la famine aiguë ne sévit pas, la disette règne. Et pendant ce temps, le grand roi engloutit des centaines de millions dans de fastueuses constructions, et jette l’or sans compter à ses maîtresses et à ses courtisans. Un rébus populaire exprimait toutes les misères du paysan de ce temps-là :

VENANCE FRANCE FER COLBERT
G DE LA K LA FRANCE

« J’ai souvenance de la souffrance qu’a souffert la France sous Colbert ».

Le terrible hiver de 1709 est au seuil du dix-huitième siècle. La misère était immense dans tout le royaume. « Le mal est universel, disait le ministre Pontchartrain ; il n’est pas moins grand à Versailles qu’ailleurs ».

Nouvelle famine en 1725, et encore deux ans après. Le pain valait à Paris neuf sols la livre, ce qui représente plus de vingt sous d’aujourd’hui. Alors, commencèrent les accaparements et les spéculations criminelles sur les grains. Le 12 juillet 1729, par un bail de douze ans renouvelé jusqu’à la Révolution, Louis XV sanctionna les