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Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/92

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odieux agissements flétris par l’histoire du nom de Pacte de famine.

Les résultats ne se firent pas attendre. Il y eut des famines en 1740, 1741, 1742, 1745, 1767, 1768, 1775, 1776, 1784, 1789.

Écoutons ce que dit d’Argenson en 1740 :

« En pleine paix, avec les apparences d’une récolte sinon abondante, du moins passable, les hommes meurent autour de nous comme mouches, de pauvreté, et en broutant l’herbe ». Parmi les provinces les plus malheureuses, il cite le Périgord.

Le duc d’Orléans porta un jour au Conseil un morceau de pain de fougère et dit : « Sire, voilà de quoi vos sujets se nourrissent ». Mais cela n’avait garde de toucher le roi, qui agiotait sur le prix des blés et se vantait impudemment du gain scandaleux qu’il faisait sur son misérable peuple.

Quatre intendants, des présidents au Parlement, des ministres, des courtisans, des maltôtiers, faisaient partie de cette criminelle association que protégeaient Sartine et le périgordin Bertin, l’homme du « petit ministère ».

En 1774, Turgot ayant fait édicter la liberté du commerce des grains, la coalition monstrueuse des agioteurs : la reine, les princes, le clergé, le Parlement, ses collègues du ministère, tout s’ameuta contre lui. Les gens du Pacte organisèrent une famine factice en faisant jeter les grains dans les rivières, détruire les moulins et incendier les gerbes, par des brigands soudoyés.

La misère du peuple de France, toujours croissante, était arrivée, à la Révolution, à un degré