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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/16

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Tout naturellement, l’église fut consacrée à Dieu sous le vocable de Saint-Pierre-es-liens.

Point n’est besoin de dire qu’à l’issue de la double cérémonie on banqueta sérieusement, et qu’il y eut de notables beuveries. Quelques curés prirent un petit plumet ecclésiastique, et le vénérable dom Glenadel s’en retourna un peu cardinalisé de la trogne, tant il avait bu d’un certain hypocras confectionné pour les gargamelles de marque.

— Messire, vous verserai-je de cet hypocras ? J’y ai mis tous mes soins à l’intention de votre Révérence, — demandait d’une voix douce Nicolette exclusivement attachée au service de l’abbé pendant le repas.

— Verse mon enfant ! verse divine Hébé ! — disait le bonhomme agréablement chatouillé au col par l’aile du barbichet, lorsque la gente bénédicte se penchait pour remplir le hanap abbatial.

Avant de remonter sur sa mule blanche, dom Glenadel tapota du revers des doigts la joue de Nicolette.

— Grand merci ma fille, tu as réjoui les yeux d’un vieillard ; que Dieu te bénisse !



Dans toutes choses divines et humaines, il arrive des fois qu’après les premiers moments d’enthousiasme il y a du relâche et de la tiédeur. Ici, rien de pareil. La paroisse de La Noaillette pouvait se jacter d’avoir le plus pieux et honnête ménage sacerdotal qu’il y eût dans tout l’archiprêtré de Saint-Médard, et possible, dans l’évêché de Périgueux. La sacristine était attentive à faire son office. L’église était soigneusement balayée chaque matin ; l’huile ne faillait