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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/18

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Joffrenie, n’étant en état d’entendre le français d’alors, non plus que le latin.

Pour les diverses vacations de son ministère, il n’y avait que bien à en dire. Indulgent au confessionnal, consolant au chevet des malades, gai aux mariages, triste aux enterrements, par surcroît, à l’encontre d’aucuns de ses confrères, il était désintéressé. Jamais il n’exigeait que les fidèles le payassent pour leur administrer les sacrements à Pâques, comme c’était l’usage alors. Lorsqu’un de ses paroissiens mourait, il allait faire la levée du corps à la maison mortuaire, aussi loin que ce fut. Et, franchement, si vous aviez vu les chemins du Fornial et de La Charlie, il y a seulement cinquante ans de ça, vous diriez comme moi qu’il avait de la vertu.

Et puis, il faut ajouter ceci : soit baptêmes, mariages, enterrements et autres fonctions curiales, il faisait tout gratis pour l’amour de Dieu. Avec ça charitable comme le bon Samaritain.

Il eût été malheureux qu’il en pâtit, ce digne homme : c’eut été à dégoûter de faire le bien. Aussi n’en pâtissait-il point, par la grâce de Dieu, car les offrandes et oblations des paroissiens reconnaissants, affluaient à la maison presbytérale.

Dès les premiers temps de son ministère, une opinion très favorable s’était formée dans la paroisse sur le compte de Guynefort : on l’aimait pour sa bonté, on l’estimait pour sa sagesse, et on le respectait pour sa vertu. Mais le respect devint de la vénération, lorsqu’on sut de la damoiselle Sybille, qu’il se donnait la discipline toutes les nuits. Des commères curieuses interrogèrent là-dessus Nicolette, qui confirma les dires de la noble épouse du sire de Joffrenie. À