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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/20

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votive. Les gens de Bonneguise qui à leur fête de la Saint-Cloud avaient force pêches et percès, se gaussaient de ceux de La Noaillette à cette occasion. Pour remédier à cela, le curé fit venir d’Angoisse près La Noaille, du plant de ces fameuses poires, qui, pour leur âpreté ont, selon quelques-uns, donné leur nom au baillon des condamnés d’autrefois. Le plant réussit très bien dans les terres rouges de la paroisse, et ces poires tant décriées, cuites au vin vieux avec un grain de coriandre et de fenouil, selon une recette rapportée de Jérusalem par Guynefort, faisaient de saintes et délicieuses compotes. Leur renommée devint telle, que la coutume d’avoir des poires cuites pour la frairie du premier août, s’est perpétuée à La Noaillette jusqu’à nos jours. Seulement, comme avec le temps tout dégénère, la recette du bon curé est perdue, ainsi que l’espèce des poires d’Angoisse. Pour leur « vote » les gens font maintenant cuire à l’eau, de méchantes poires de la Saint-Jean.

La bénédiction de Dieu sur la paroisse de La Noaillette était si visible depuis qu’elle avait ce curé, que le seigneur d’Hautefort donna en pur don au saint homme, une jolie mule allant l’amble, et, pour la nourrir, un pré sur le bord de la Beuse. En outre, bientôt la communauté fut assez riche pour acheter une nouvelle cloche afin de donner plus de solennité aux fêtes. Cette cloche n’était pas grosse il est vrai, car avec l’autre elles ne pesaient toutes deux que trois quintaux, ainsi qu’il conste de l’inventaire des cloches de la châtellenie, fait en 1530 par le seigneur Jean d’Hautefort, sur l’ordre du roi ; mais aussi, la paroisse n’était pas grande.

Cette prospérité de la paroisse de La Noaillette, et surtout la bonne fame et renommée du