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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/22

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quèrent à sa santé, le croyant devenu fou. Lui, sans se troubler, prit une pincée de sel broyé fin dans l’égrugeoir, en fit un petit tas sur la touaille, au soleil, mit la mouche dessus, la saupoudra d’une autre pincée de sel, recouvrit le tout de son gobelet de verre de fougère et dit à ses confrères :

— Par ce sel, symbole de la force, le Seigneur manifestera s’il lui plaît son infinie puissance, en rendant la vie à cette mouche.

Un moment se passa, pendant lequel les curés se gaussaient de Guynefort ; puis la mouche remua une patte, deux pattes, se remit sur pied, marcha lentement d’abord, lissa ses ailes, et ensuite s’étant bien séchée, elle accéléra sa marche et fit le tour de sa prison transparente.

Alors le subtil Guynefort enleva son gobelet, et la mouche s’envola aux yeux ébahis des assistants qui en restèrent bouche bée.

(À suivre). Eugène LE ROY.