Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/41

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À ce moment, Guynefort se sentit pénétré jusqu’à la fressure, par un froid glacial qui se dégageait de ce refrogné geôlier du purgatoire.

— Brrr… ! — fit-il, — on gèle ferme, céans !

— Peut-être irez-vous en lieu où il fera trop chaud ! — répliqua l’autre en fermant la porte.

Le ci-devant curé de La Noaillette s’en alla et se remit à parcourir la plaine en tous sens, cherchant un lieu où on le voulut recevoir.

Après des heures, arrivant à une cafourche où se croisaient plusieurs chemins, ne sachant lequel prendre, recru, harassé, il s’assit sur une pierre. Comme il était là, se demandant où il giterait, Guynefort aperçut deux inconnus de bonne mine qui le considéraient avec attention, et puis consultaient leurs tablettes.

Ayant échangé leurs impressions, ces deux quidams vinrent à lui et fort civilement le saluèrent :

— Vous paraissez étranger en ces lieux ? — dit l’un.

— Et en quête d’un gîte, — ajouta l’autre.

— Précisément.

— Si vous le voulez bien nous vous guiderons.

— Volontiers.

Et Guynefort suivit les deux inconnus.

Tout près de là commençait une belle avenue sablée de fin, bordée d’arbres exotiques, et en pente douce : on n’avait qu’à se laisser couler.

Tout en cheminant, les deux guides amenèrent discrètement le voyageur à décliner son nom :

— Pierre Guynefort, ci-devant curé de La Noaillette.

— Ah ! très bien, — dirent les deux compagnons en échangeant un coup d’œil.

À un certain endroit, au bout de l’allée, s’ouvrait une entrée souterraine. Les deux familiers s’effacèrent honnêtement, et de la voix et du