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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/42

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geste, firent :

— Après vous…

Le chemin s’enfonçait sous terre, pas toujours bien uni. Il y avait des sortes d’escaliers naturels, des ressauts de rochers ; mais l’un des guides qui avait pris le devant, prévenait obligeamment Guynefort :

— Prenez garde ! ici il y a un mauvais pas !

« Voilà des gens bien polis, — se disait le défunt, — et fort différents de ce mal-appris de Pierre. »

Enfin, après avoir longtemps cheminé sous terre, l’homme de devant s’arrêta devant une porte de bronze et frappa trois coups à la manière des francs-maçons.

La porte s’ouvrit, coup sec, et Guynefort fut introduit incontinent sans aucune de ces formalités inquisitoriales qu’il avait rencontrées précédemment. En entrant, il fut d’abord suffoqué par une chaleur extrême, et ouvrit et referma plusieurs fois la bouche comme une carpe tirée sur le sable.

— Ne craignez rien, — dit l’un des conducteurs, — il fait un peu chaud ici, mais c’est comme aux étuves moresques, on s’y habitue promptement.

Ayant dit, les deux inconnus guidèrent le bon Guynefort à travers d’immenses souterrains peuplés d’individus occupés à des divertissements variés. Ils jouaient aux dés, au cheval fondu, aux marelles, à la truie, au colin-maillard, à croix-ou-pile, au chêne fourchu, à pair ou non, à la paume, et autres jeux moult récréatifs et exercitatifs. De bûchers comme ceux des inquisiteurs terriens, de chaudières, d’hastes, de