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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/43

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rôtissoires, de grils, de poëles à frire les pécheurs, point.

De loin en loin, ils rencontraient des êtres fantastiques pourvus de minuscules cornes pour tenir leur chaperon, qui surveillaient les habitants de ces demeures souterraines, et de temps en temps, faisaient une petite exécution de justice, anodine ou plus sévère selon les cas.

Comme ils passaient devant un groupe occupé à gehenner un prêtre, Guynefort s’écria :

— Hé ! voici notre ami le prieur de Saint-Agnan !

Et s’arrêtant, curieusement il considéra trois ou quatre joyeux diables à cornes, qui, au moyen de lourdes génovines d’or en guise de palet, jouaient au bouchon avec son vieil ennemi. N’entendez point, je vous prie, que le prieur jouait avec eux, non, il servait de bouchon, et les diables tiraient sur ses tibias, ce qui lui faisait jeter les hauts cris.

— Il a trop aimé les pièces d’or, d’argent, voire de cuivre, et il est puni par le moyen d’icelles, — dit un des guides. — À quoi lui a servi d’être pécunieux sur terre ? d’avoir rempli son escarcelle de deniers agrippés à chacun et à tous, aux pauvres comme aux riches ?

— Laissons ce vilain, — dit l’autre guide, — il a été haineux, cupide et avare ; il n’a que ce qu’il mérite.

Et ils passèrent, pendant que le malheureux prieur demandait grâce aux joueurs qui se moquaient de lui.

Après avoir parcouru cet étage de cavernes, Guynefort et ses conducteurs descendirent des escaliers qui les conduisirent à un étage inférieur, d’où ils descendirent encore à un troisième souterrain, et successivement à d’autres. À