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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/8

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couchait Guynefort. C’était comme des coups de bâton ou de corde, appliqués sur un corps qui rendait un son mat.

— C’est le pèlerin qui se donne le fouet ! — dit la damoiselle Sybille.

— Grand bien lui fasse, m’amie ! — lui répondit en l’embrassant, après un grand signe de croix, le sire Joffre qui s’était réveillé de belle humeur.

Cependant, ayant un quart d’heure durant, roué son traversin de coup, de discipline, le pèlerin se remit la tête dessus et ne tarda pas à ronfler.

Le lendemain, au déjucher, notre homme ayant cassé la croûte avec son hôte, s’en fut peu après au chantier de l’église, où il resta jusqu’à midi, aidant les ouvriers de ses conseils, et parfois aussi de ses bras. Lorsqu’à la position du soleil le maître maçon eut jugé qu’il était l’heure de repaître, le pèlerin revint à Joffrenie où la table mise l’attendait.

Après dîné, il s’en retourna au chantier, et lorsque le susdit soleil fut descendu derrière la butte de La Mothe, il reprit encore le chemin de Joffrenie, où sur les sept heures on servit le souper.

Et cela continua ainsi les jours ensuivants. Il semblait qu’il y eut entre le pèlerin et ses hôtes, un accord tacite : lui pour recevoir, eux pour donner l’hospitalité à la mode périgordine, qui est à dire large, complète et de bon cœur.

Au bout de la semaine, pourtant, une pensée intéressée avait germé dans l’esprit des deux époux. Ils convoitaient la relique du pèlerin, et rêvaient au moyen de se l’approprier. Non pas peut-être pour eux en particulier, mais pour la future église de La Noaillette, à qui elle donnerait du lustre en faisant des miracles, comme cela ne pouvait manquer.