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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/168

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Le curé vint avec son sacristain, la confessa, la communia et l’huila : ça fut d’abord fait. Durant ce temps la vieille Jardon, Nancy, la femme du fermier du Taboury, étaient agenouillées dans la chambre, ainsi que la demoiselle de Puygolfier qui était descendue, sachant cela.

Lorsque le curé sortit de la chambre, mon oncle le convia à prendre quelque chose ; alors il dit qu’il n’y avait pas longtemps qu’il avait déjeuné, et qu’il prendrait seulement une goutte. Tout en buvant l’eau de-vie, il sortit sa pipe de l’étui de bois et l’alluma. Quand il eut fait, il nous emprunta notre fusil parce qu’il était sûr qu’avec le temps qu’il faisait il y avait un lièvre dans les labours de Nardillou, et s’en fut avec son sacristain.

Trois jours après il revint pour faire la levée du corps ; la pauvre Mondine s’en était allée tout doucement, comme avait dit le médecin.

Elle ne savait pas son âge, comme beaucoup de gens de chez nous en ce temps-là ; elle savait seulement qu’elle était petite drole dans le temps de la Révolution et qu’elle avait été baptisée dans notre paroisse.

En cherchant à la mairie sur l’ancien registre de la paroisse pour faire la déclaration de décès, je trouvai son acte de baptême, et je l’ai relevé pour montrer comment ça se faisait jadis.

« Ce jour d’huy, 28e de mars 1783, feste de saint Rupert, évêque, Martissou, mon marguillier, allant sonner l’angélus du matin, trouva contre la porte de l’église, une petite créature, pliée de mauvaises nippes, et la porta chez lui, où elle fut reconnue être du sexe féminin, et âgée de deux ou trois jours. Elle a été baptisée le même jour sous condition ; Martissou a été parrain et Mondine, sa femme, marraine. Carminarias, curé. »

Après la mort de notre vieille servante, il était