Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/314

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Dame-d’Août, M. de Cardenac vint à la maison curiale, comme le curé était en train de chanter les vêpres, avec sa nièce et d’autres chanteuses. La porte de la cure était ouverte, car dans nos pays, il n’y a guère de voleurs à aller dans les maisons, de manière que M. de Cardenac entra par le jardin, sans que personne le vît, tout le monde étant aux vêpres, excepté sept ou huit hommes qui buvaient chez Maréchou. Comme il n’était guère dévot, M. de Cardenac ne voulait pas aller à l’église, et pensait attendre en lisant le journal du curé, que les vêpres fussent finies. Malheureusement, il ne trouva pas le journal sur la cheminée de la salle, et, s’ennuyant de ne rien faire, il alla à la cuisine prendre les pinces à feu, et les mit dans le lit de la nièce du curé, bien arrangées, entre les deux draps, de façon qu’on ne s’en serait jamais douté. Puis après, il s’en fut faire un tour sur le chemin, et quand il vit de loin que les gens sortaient de l’église, il revint, et fit celui qui ne vient que d’arriver.

Lorsque la demoiselle Christine voulut appareiller le souper, et se servir des pinces pour arranger le feu, elle ne les trouva pas, et force lui fut de s’en passer. Le curé avait beau lui dire qu’elle les retrouverait, elle qui n’était pas trop de bonne humeur ce jour-là, répondait qu’en attendant, elle ne pouvait pas se servir de ses doigts pour manier le feu. M. de Cardenac qui restait à souper, faisait le bon apôtre et semblait chercher les pinces, en se gardant bien de les trouver. — Peut-être, qu’il dit, votre enfant de chœur sera venu chercher du feu avec l’encensoir ; qui sait où il les aura mises ? Le curé alla voir, mais il revint disant que le drole avait garni son encensoir chez Maréchou. Impatientée, la demoiselle Christine alla prendre celles qui étaient dans la chambre de son oncle prétendu.

Le lendemain, le surlendemain point de pinces : le