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Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/310

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Seul, l’évêque restait sérieux : il ruminait sa réponse.

Le maire, au bout de son discours, s’épongea le front avec un beau foulard de Lyon, cadeau d’étrennes de ses filles, et ensuite, après quelques secondes, monseigneur commença d’une voix grasse, hésitante, raclant les flegmes de son gosier, se répétant pour chercher ses phrases. Il parla ainsi lentement, un demi-quart d’heure, puis ayant fini un peu court, il entra brusquement dans l’église.

La cérémonie de la consécration parachevée, il y eut au château, où monseigneur recevait l’hospitalité, un grand dîner sérieusement truffé, auquel assistaient, avec monsieur et mademoiselle Duffart, quelques naturels du pays seulement : le maire Bourdal, M. Caumont, M. Monturel, le curé Camirat et trois desservants du voisinage.

Les nobles d’alentour avaient décliné l’invitation que madame Chaboin avait cru leur faire accepter à cause de la présence de l’évêque ; en sorte que la facilité de celui-ci les fit jaser.

— L’acceptation de l’hospitalité de madame Chaboin par monseigneur a paru singulière à quelques-uns, disait, peu de jours après, au curé Camirat, M. le comte de Mathas.

— Notre-Seigneur allait bien chez les publicains ! riposta vivement le doyen, qui se sentait touché par cette réflexion.