Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/50

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ment de se risquer dans la cohue du jour, où les hommes vous marchaient sur les pieds avec de lourds souliers ferrés, où les femmes vous fourraient leur parapluie dans la figure ou bien vous meurtrissaient les côtés avec leurs paniers.

Le soir, donc, après avoir couru les marchands, fait ses petites emplettes et visité les baraques en compagnie de son père et de l’officieux M. Rufin, Valérie se coucha fatiguée du bruit et du papillotement des lumières.

Le lendemain, elle revint sans peine au couvent et y passa la journée. Selon les prévisions de la supérieure, elle s’accoutuma peu à peu à cette vie nouvelle, qui lui était d’ailleurs rendue assez douce par l’amitié de la petite Beaufranc et les prévenances des sœurs, dûment stylées ; aussi, peu de jours après, consentit-elle à coucher dans la petite chambrette que la « chère mère » lui avait fait aménager gentiment et où on avait placé son petit lit de Guersac. Les classes, les leçons, tout cela fut amené insensiblement par l’adroite supérieure ; en sorte que, quinze jours après, elle était acclimatée. Lorsque. M. de La Ralphie venait la voir, elle l’embrassait avec effusion et s’en retournait au jeu et à l’étude.

Mais lorsque, la voyant accoutumée au pensionnat, son père s’en revint à Guersac, le petit cœur de Valérie se serra. Tant qu’il avait été à Fontagnac, dans leur vieille maison à deux pas du couvent, et qu’elle le voyait tous les jours, elle ne se chagrinait pas. Mais, après son départ, elle eut cette sensation de l’isolement, si pénible aux enfants qui n’ont jamais quitté leurs parents. Les consolations de la mère Sainte-Bathilde glissaient inefficaces sur son esprit, et les caresses de Liette n’amenaient qu’à grand’peine un sourire sur ses lèvres. Puis elle fut prise de la nos-