vagues, couverts de chênes grêles et clairsemés, et des friches où, entre les pierres serrées, pointent quelques herbes fines tondues par la dent des brebis ; voilà le pays.
Il n’est pas riche, et les pauvres diables qui n’ont pas un pouce de terre sous le soleil, ont grand’peine à y vivre en travaillant comme journaliers mercenaires, en braconnant aussi, et même d’aucuns en maraudant un petit… Ainsi fait l’homme qui suit la bourrique.
Il se nomme Thony Ginèbre, dit Barbot, ou encore Curo-toupi, qui est à dire comme Vide-marmite, à cause qu’il est incommodé d’un appétit grand, trop grand pour ses moyens. Et par malheur, ça n’est pas seulement lui qui est ainsi fringaleux, mais toute sa nichée de petits Barbots et Barbotes. Ils sont six déjà, tous bien endentés, toujours affamés, depuis l’aînée qui a treize ans, jusqu’à la petite dernière appelée Botille, qu’il est question de « dététiner », pour donner le « téti » au petit bâtard qui apporte quatre francs par mois dans la cahute, ce qui est bien quelque chose.