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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/180

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Les deux enfants passent le pont sans se douter de ça ; ils ne savent point ce que c’est que la religion des parpaillots et ne connaissent pas davantage celle des papistes. Ils ont bien ouï parler de Dieu, et assez mal, par le père Barbot qui jure et sacre beaucoup ; comme aussi du Diable et de « l’Aversier », mais ils n’en savent pas plus long. Ils se sont élevés comme de petits sauvages, et n’ont jamais mis les pieds dans une église, pour être toujours à moitié nus, aux bonnes fêtes comme aux jours ouvrables.

Ayant grimpé le « pavé », vieux chemin seigneurial solidement construit de grosses pierres frustes, les voici à Hautefort. À la première maison ils s’arrêtent et la petite dit d’une voix piteuse :

— Faites-nous la charité s’il vous plaît, pour l’amour de Dieu !

La porte est ouverte, cependant nul ne se montre : peut-être n’a-t-on pas entendu… et elle répète en haussant la voix.

Rien encore, ils s’en vont.