Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sonnée. Dans les sacs vidés sur la table le soir lorsqu’ils reviennent, on trouve des morceaux de pain de toute espèce : pain noir chaumeni, pain de méteil où il y a de l’orge, pain de « boueyre », pain de seigle gris-noir, pain jaunâtre mêlé de blé d’Espagne, pain massif sans yeux, où il y a la moitié de pommes de terre râpées, pain de froment bis, et très très rarement, pain blanc de choine. Le meilleur, on le donne au père qui se régale d’une bonne frotte à l’ail, en ménageant fort le sel qui est cher, cher comme au temps de la gabelle.

Il traîne ainsi longtemps, le pauvre Barbot, puis finit par rester au lit. La femme veut aller quérir M. Rudel le « chirurgien » de Chasseins, mais lui, refuse.

M. Rudel n’est pas foutu de lui remettre une fressure neuve, n’est-ce pas ? Et quand même il le pourrait, il ne travaille pas pour l’amour de Dieu ! Alors, à quoi bon tant rétiver pour crever ?

Le pauvre diable languit encore des mois, poussif et toujours affamé. Des fois les voisines