Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/77

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Maintenant, Jean est un homme, et il voit clairement les déportements de son père. Cela le révolte, mais c’est un silencieux qui réfléchit, et il comprend que son intervention ne ferait que mettre les choses au pire. Pour la même raison que sa mère l’aime, son père ne l’aime pas : il n’est pas un Rudel.

Et puis il y a autre chose.

Ce qui irrite aussi l’officier de santé, ce qui lui fait même haïr son fils, c’est le refus de celui-ci de continuer la profession paternelle. Dès son jeune âge, l’enfant eut grand’pitié de ces malheureux paysans saignés à blanc et exploités par son père. Aussi a-t-il conçu une violente aversion pour la médecine. Lorsqu’à l’âge de onze ans, après avoir été cinq ans à l’école du magister d’Hautefort, son père le mène au petit collège d’Excideuil en croupe derrière lui, l’enfant se laisse faire sans mot dire. Mais le surlendemain il revient à la maison, fatigué, recru, et reçoit, pour réconfort quelques coups de la cravache de M. Rudel. Ramené là-bas deux fois, il s’échappe deux fois.