Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/115

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Chinois, de ne pas oublier que l’univers comprend des choses visibles et des choses invisibles, des choses apparentes et des choses cachées. Il est au moins aussi important de se rappeler qu’elles ne doivent pas être séparées, ne fût-ce qu’en pensée. Il n’est pas possible, par exemple, de séparer de la matière la force de la pesanteur ; il n’est pas davantage possible de séparer l’idée d’une chose quelconque de la forme qui lui est propre. Cette forme peut ne pas être apparente, mais elle existe. Il y a des corps spirituels[1]. La matière qui les rend apparents à nos yeux, ne fait que remplir ces corps spirituels, comme l’eau prend la forme du vase qu’elle remplit[2]. Et, en ce sens, ni le corps, ni l’esprit ne sont séparables l’un de l’autre ; ni, d’une façon plus générale, l’univers et la raison de l’univers ne sont séparables[3]. Méconnaître cette vérité serait la plus grave de toutes les fautes.

Ceci posé, l’univers entier, avec ses mondes, forme un tout dont les parties ne sont entre elles que comme les molécules d’une sphère quelconque. Toutes sont soumises aux mêmes lois. Mais l’univers, dans son ensemble, a d’autres lois et d’autres raisons que celles des parties qu’il contient. Chacune de ces parties obéit donc à une raison ou à une loi qui lui est extérieure jusqu’à un certain point, et comme nous ne pouvons nous faire

  1. Lao-tsee.
  2. Ly-tsee. 398 av. J.-C.
  3. Yu-tehin, 1676 ap. J.-C.