Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/116

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une idée de la forme, du mouvement et de l’étendue de l’univers, nous disons qu’il est infini. Il contient toute loi, mais lui-même est régi par sa raison, et cette raison est infinie.

Maintenant, cette raison est-elle intelligente ? Le Ciel et la Terre sont de grandes choses ; ils ont cependant une couleur, une figure, un nombre et une quantité. L’homme possède quelque chose qui n’a ni couleur, ni forme, ni nombre, ni quantité, et ce quelque chose est intelligent. Donc, lors même que l’univers ne serait animé que de l’homme, il serait au moins animé de l’intelligence de l’homme. Mais cette intelligence, étant limitée, ne saurait être celle de l’univers. D’où l’on voit que l’univers a une intelligence et qu’elle doit être infinie[1].

Les Chinois ne donnent aucun nom à cette Loi ou à cette Raison, intelligente et infinie ; ils ne la désignent que par des métaphores. C’est, dans le langage ordinaire, le Ciel: Tien ; ou bien le Seigneur suprême: Chang-Ti Dans le langage philosophique, on l’appelle encore l’Infini: Tai-Ki ; ou bien enfin : la Puissance, la Force ou l’Énergie invisible, existant par elle-même, sans figure, nombre, ni quantité.

Cette énergie ne peut se comprendre seule. Elle n’est pas sans la terre ou sans la matière en laquelle elle se manifeste. De là une autre puissance: celle de la Terre, l’Énergie passive.

  1. Kouang-yun-tse, 604 av. J.-C.