Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/171

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au delà de la Grande Muraille. Voici en quels termes l’un des censeurs lui écrivait: « Moi, Tsao Yung-Yang, censeur de la province du Hou-Kouang, présente à l’Empereur ce mémoire. » Puis, après avoir en quelques lignes exposé la situation, il continue : « Le dessein formé par l’Empereur, de prendre le commandement de l’armée, rencontrerait, au dire de quelques personnes, une sérieuse opposition. Le désordre était déjà au comble, mais rien encore n’avait produit une impression aussi fâcheuse que le bruit en circulation aujourd’hui, d’après lequel Votre Majesté se proposerait de se rendre à Géhol. Cette rumeur, à laquelle je me refuse de croire, a causé une consternation profonde. Un grand nombre de fonctionnaires ont déjà supplié en vain Votre Majesté de rentrer dans la capitale. Une crainte vague, à laquelle personne ne peut se soustraire, règne dans tous les esprits. Si l’Empereur s’éloigne réellement, les malheurs qui pourront résulter de son départ seront irréparables. De quel œil Votre Majesté considère-t-elle donc le peuple ? Quel prix attache-t-elle aux cendres de ses ancêtres ? Abandonnerez-vous l’héritage qu’ils vous ont légué, comme un vêtement usé ? Que dira de vous l’histoire dans les siècles à venir ? Jamais encore on n’a vu un souverain choisir le moment du danger et de la détresse pour se rendre à la chasse, sous prétexte que son départ préviendra toute complication. Que Votre Majesté se laisse donc convaincre et revienne sans