Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/202

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pas à la messe[1] ; qu’ils ne fléchissaient pas les genoux devant les évêques, qu’ils ne baisaient pas leur anneau pastoral, etc. Quel scandale ! Le bonhomme n’en dormit pas pendant plusieurs nuits.

Mais les ruses sont éventées et j’approche de la frontière du Se-Tchuen. Alors, volte-face. Je trouve à l’entrée, gracieuse prévenance, un missionnaire, choisi de sa main, qui m’accompagne partout, se fait mon guide, mon interprète, se montre en un mot plein de dévouement. Naïf ! il s’agissait bien de moi ! L’évêque, je l’appris plus tard, avait sournoisement fait répandre le bruit que je venais pour constater les dégâts du soulèvement contre les chrétiens et pour hâter la punition des coupables ; et la présence, à mes côtés, du bon missionnaire semblait confirmer ses insinuations. Voilà le but de ses politesses. Puis un beau jour, malgré mes refus, mes avertissements et mes précautions, je me trouve, sans savoir comment, au milieu de l’église incendiée[2].

  1. J’y suis pourtant allé une fois à leur messe, mais pas où ils auraient voulu que j’y allasse. C’était à Tchen-Tou-Fou, la capitale. Il y avait bien 25,000 assistants, non chrétiens bien entendu, dans l’église, dans la cour, sur le toit, partout. Mais les plus ébaubis, c’étaient les deux missionnaires qui se trouvaient là. J’aurai peut-être un jour l’occasion de conter la chose.
  2. L’ensemble des dégâts se montait bien à deux cent mille francs. Il a obtenu une indemnité de plus d’un million ! Ce serait un chapitre intéressant que celui de la fortune des différentes congrégations catholiques en Chine, et des sources d’où elle provient, indemnités de pillages et de meurtres, dons, héritages, bénéfices réalisés sur les marchandises qu’on leur envoie d’Europe, au lieu de leurs subsides, etc., etc. Qui pourrait dire à quel chiffre elle se monte ?