Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/304

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outre mesure. Toutefois, plus le fait cessait d’être une exception, plus je l’admirais. Plus je le constatais, plus je me plaisais à le décomposer et à me rendre compte de sa généralité. Je ne pouvais assez me convaincre qu’il n’y avait en cela aucune merveille particulière à une famille ou à une commune, à un canton ou à une province. Plus les moyens qui m’expliquaient la fertilité du sol de la Chine et la richesse de son agriculture m’apparaissaient simples et à la portée de tous, plus je tenais à m’assurer qu’il n’y en avait pas d’autres et qu’ils étaient partout suffisants. On m’avait dit en Europe qu’il fallait au moins 7 à 800 francs par hectare pour cultiver la terre et la faire produire. On m’avait dit qu’il fallait beaucoup de ruse pour en arracher son salaire, et qu’avec beaucoup de peine on ne l’obtenait pas toujours. Et voilà que la Chine me prouvait qu’avec trois choses seulement, très simples et qui ne coûtent rien : la justice d’abord, l’eau et l’engrais ensuite, le premier venu peut au contraire en obtenir tout ce qu’il veut ! Et voilà que la Chine me prouvait que, presque sans aucune avance de capital, sans ruse et sans efforts accablants et déprimants, la terre paie au centuple le grain et la sueur qu’on lui confie ! A l’appui d’un fait si considérable, et j’ajouterai si consolant, il me semblait, je le répète, que je ne pouvais réunir trop de documents. Je n’avais donc jamais laissé échapper une occasion d’en recueillir, et j’en avais rarement rencontré de plus précieuse que celle