Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/336

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faite ; mais on ne retrouva aucun vestige de Kouë ; le sang d’une vierge était devenu un des éléments de l’alliage. Quand on sonna la cloche pour la première fois, et depuis, lorsque cela arrive, chacun de ses mugissements sonores est suivi d’un autre son plaintif et prolongé, doux et pourtant plein d’angoisse comme celui d’une femme qui va mourir, où l’on distingue parfaitement le mot tsièh, tsièh ! qui signifie : mule ; et alors le peuple se souvient de l’événement: « Voilà, dit il, la pauvre Kouë qui réclame sa mule. »

Telle est la légende de la cloche. Bien peu de Chinois l’ignorent. Au Fo-Kien, il n’est pas une maison, à la campagne comme à la ville, où on ne soit prêt à vous la conter. Les légendes dont le Dragon est le sujet sont cependant encore plus populaires ; mais les écrire toutes exigerait presque un livre, et comment faire un choix ? Lesquelles méritent le plus d’intérêt de celles qui rappellent le Dragon de la Chaldée, de la Perse, de l’Egypte et de la Grèce ou de celles où l’on rencontre le Dragon des Celtes, des Romains ou des Saxons ? Tantôt c’est la Vouivre du Jura, où maintenant encore les habitants de quelques villages croient qu’elle garde un trésor, ou bien c’est le Dragon de la Toison d’or. Tantôt c’est le mauvais Dragon qui dévore des êtres humains comme la Guivre des armes de la ville de Milan, le Dragon de saint Georges des Russes et des Anglais, le Graouli de Metz, ou bien le Dragon ennemi du soleil et de la lune, que les