Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/339

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relatifs à leur aménagement, à leur culture et à leur rendement en poids et en valeur pour chaque champ et pour chaque récolte. Mais il est une observation que j’ai déjà faite et que je dois répéter ici. Ouang-Ming-Tse ainsi que tous les cultivateurs chinois ne se bornent pas à vendre les produits directs de leurs terres ; ils les transforment autant que possible. S’ils ne distillent pas toujours le riz à alcool qu’ils récoltent, c’est que la fabrication de l’alcool est dans certaines localités l’objet d’une grande industrie spécialement organisée et qu’ils trouvent plus d’avantage à le vendre en nature. Mais c’est une exception. Ils font eux-mêmes leur huile et leur sucre ; ils filent eux-mêmes leur chanvre et leur coton ; ils filent leur soie. Que voulez-vous ? Personne ne leur a enseigné les beautés de l’économie politique de l’Occident. Ils en ignorent les sacrés principes et ne se doutent pas des bienfaits de la division du travail. Il est certain pourtant qu’avec nos presses à vapeur l’on obtient pour 100 kilogrammes de graines de navette 33 kilos d’huile, tandis qu’ils n’en obtiennent que 25 à 28 au plus avec leurs presses à manège. Oui, mais si les paysans chinois sont faibles au point de vue de l’économie politique ils entendent mieux l’économie sociale, et s’ils sont mauvais industriels, ils sont si bons cultivateurs ! D’abord, en retenant le plus possible l’industrie sur le sol, ils y retiennent les bras qui, concentrés dans de grands ateliers, pourraient, à un moment donné, leur faire défaut ; et ils évitent les chômages auxquels sont sujets les ouvriers des industries