Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/89

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ces croyances. Une grande enquête fut alors entreprise. Des missions partirent de Chine et parcoururent le monde connu des Chinois, en étudiant les religions des autres peuples. C’est le bouddhisme qu’on rapporta, avec ses différentes sectes, notamment celle de Fô. Par certains côtés, le bouddhisme s’adaptait très bien à l’antique civilisation chinoise. Il proscrit les castes, enseigne l’égalité, sa morale est très pure. Mais il exige un sacerdoce. Les Chinois n’avaient jamais eu de prêtres et n’en avaient même pas idée. Aucun ne voulait consentir à le devenir, si bien que le gouvernement fut obligé de faire sortir des prisons un certain nombre d’individus que l’on chargea des soins spirituels et temporels des nouveaux temples. De fait, les bonzes ou prêtres bouddhistes n’ont jamais cessé de s’appeler eux-mêmes les condamnés à mort, ni de porter le bonnet et la robe jaunes du bagne. Les offices qu’ils célèbrent en langue chinoise ordinaire, très semblables aux offices catholiques quant aux rites extérieurs et aux costumes, n’attirent personne. En réalité, le bouddhisme est bien resté ce que l’avaient voulu ses introducteurs, et ses temples ne sont guère que des exutoires où chacun va, sans attendre son voisin, débarrasser son esprit des impuretés qui ont pu l’atteindre.

Après les bouddhistes, les taouïstes sont les plus nombreux. On dit qu’il y en a cent millions. Mais le taouisme n’est pas une religion. Il n’a ni temples, ni