Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/131

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ORESTÈS.

Et il faudra tuer celui qui ne se taira pas.

PYLADÈS.

Ensuite l’occasion elle-même nous enseignera ce qu’il faudra faire.

ORESTÈS.

Tuer Hélénè, voilà notre symbole !

PYLADÈS.

Tu as compris. Maintenant, écoute comme mon projet est excellent. Certes, si nous tournions l’épée contre une femme vertueuse, le meurtre serait infâme ; mais, par ce châtiment, nous vengeons toute la Hellas, ceux dont elle a tué les pères, et les pères dont elle a tué les enfants, et les femmes qu’elle a privées de leurs maris. Ce sera une grande joie, et l’on allumera le feu devant les Dieux, en les priant de nous rendre heureux parce que nous aurons tué une mauvaise femme. On ne te nommera plus matricide, si tu la tues ; mais, laissant ce nom pour un meilleur, tu seras dit le meurtrier de Hélénè qui a fait mourir tant d’hommes. Non, il n’est point permis que Ménélaos soit heureux, et que ton père, toi et ta sœur, vous mouriez, et ta mère… — mais sur ceci je me tais, car ce n’est pas bon à dire — ni qu’il possède ta demeure, ayant recouvré sa femme grâce à la lance d’Agamemnôn. Que je ne vive plus si je ne tire contre elle mon épée noire ! Mais, si nous n’accomplissons le meurtre de Hélénè, mourons après avoir incendié ces demeures. Nous ne serons pas frustrés de l’un de ces deux honneurs, ou de mourir glorieusement, ou d’être glorieusement sauvés.