Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/132

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LE CHŒUR.

La Tyndaride est digne de la haine de toutes les femmes, elle qui a déshonoré son sexe.

ORESTÈS.

Ah ! Rien de meilleur qu’un ami sûr, ni la richesse, ni la tyrannie ; et il est insensé de préférer la multitude à un noble ami. C’est toi, en effet, qui as trouvé notre vengeance contre Aigisthos. Tu étais avec moi dans le danger, et, maintenant encore, tu me donnes la vengeance contre mes ennemis et tu ne t’éloignes point de moi. Mais je cesserai de te louer, car il est pénible d’être trop loué. Pour moi, quand je devrais rendre l’âme, je désire tout faire pour que mes ennemis meurent, pour perdre à mon tour ceux qui m’ont trahi, et pour que ceux qui m’ont rendu malheureux gémissent aussi. Je suis le fils d’Agamemnôn qui, jugé digne, commanda à la Hellas, et qui, n’étant pas un tyran, posséda cependant la puissance d’un Dieu. Je ne le déshonorerai pas par une mort servile, mais je rendrai l’âme en homme libre, et je me vengerai de Ménélaos. Nous serions heureux si nous pouvions accomplir une seule chose, si un salut inespéré nous arrivait, si nous pouvions tuer sans mourir nous-mêmes. Car, il m’est doux d’exprimer ce que je désire par des paroles ailées, et d’en réjouir mon cœur gratuitement.

ÉLEKTRA.

Frère, je pense avoir trouvé ton propre salut, le sien, et le mien en troisième lieu.