Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et sa vieillesse misérable, toi, qui, dans la demeure, ayant infligé à tes yeux les noires ténèbres, traînes ta longue vie ! M’entends-tu, toi qui erres dans la demeure, ou qui réchauffes ton vieux pied misérable dans ton lit ?




OIDIPOUS.

Pourquoi, ô vierge, par tes plaintes lamentables, portant hors de mon lit et des chambres obscures mon pied d’aveugle, m’attires-tu à la lumière, moi, vain simulacre d’air, ombre souterraine, songe fugitif ?

ANTIGONÈ.

Père, tu vas recevoir une triste nouvelle : tes fils ne voient plus la lumière, ni ta femme qui sans cesse prenait soin d’appuyer et de guider ton pied d’aveugle. Ô père, hélas sur moi !

OIDIPOUS.

Hélas sur moi à cause de mes maux ! Ceci me fait gémir et lamenter ! Mais comment ces trois âmes ont-elles quitté la lumière ? Ô fille, parle.

ANTIGONÈ.

Je te le dis avec douleur, non en blâme, ni pour t’outrager : par les épées, par le feu et par les cruels combats, ton funeste Daimôn s’est rué sur tes fils ! ô père ! Hélas !