Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/233

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OIDIPOUS.

Hélas ! hélas !

ANTIGONÈ.

Pourquoi gémis-tu ?

OIDIPOUS.

Ô mes fils !

ANTIGONÈ.

Tu gémirais plus profondément, si voyant le char à quatre chevaux de Hèlios, tu contemplais de la lumière de tes yeux les cadavres de ces morts !

OIDIPOUS.

À la vérité, le malheur de mes fils est manifeste ; mais, ô fille, par quelle destinée ma malheureuse femme a-t-elle péri ?

ANTIGONÈ.

Répandant devant tous ses larmes lamentables, elle venait présenter en suppliante ses mamelles à ses fils. Mais, à la porte Élektra, dans la prairie qui nourrit le lotos, elle trouva ses fils qui, tels que des lions élevés ensemble, venant de combattre, gisant dans le sang de leurs blessures, versaient la froide et sanglante libation qu’Arès offre au Hadès. Ayant arraché l’épée de l’un des cadavres, elle l’enfonça dans son corps et tomba sur ses deux fils. Le Dieu, quel qu’il soit, qui a fait cela, ô Père, a, en ce jour, amassé toutes les calamités de notre demeure !