Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/437

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mais bien plusieurs de gémir : ma patrie, Hektôr tué et la dure destinée à laquelle je suis liée et qui m’a indignement précipitée dans la servitude. Il ne faut dire d’aucun mortel qu’il est heureux, avant le suprême jour, et avant de savoir comment il est descendu mort dans le Hadès. Paris n’emmena pas une épouse, mais une Érinnys dans la haute Ilios, quand il conduisit Héléna vers son lit nuptial. À cause d’elle, ô Troia, le rapide Arès, venu avec les mille nefs de la Hellas, te ravagea par le fer et le feu, et le fils de la maritime Thétis traîna derrière son char, autour des murailles, Hektôr, mon mari, à moi malheureuse, et moi-même, arrachée de mon lit nuptial, je fus emmenée sur le rivage de la mer, la tête couverte du voile servile. D’abondantes larmes ruisselèrent de ma face, quand je laissai ma ville et mon lit nuptial, et mon mari dans la poussière. Hélas ! malheureuse ! que me servait de voir encore la lumière pour être esclave d’Hermionè ? Accablée par elle, et suppliant l’image de la Déesse, je l’entoure de mes bras, et je me consume en larmes comme la goutte qui flue du rocher !




LE CHŒUR.
Strophe I.

Ô femme, assise depuis longtemps sur ce sol et dans ce temple de Thétis que tu n’abandonnes pas, moi qui suis de Phthia je viens cependant vers toi qui es de race asiatique, afin, si je le puis, de trouver un remède aux maux inextricables qui vous ont jetées, toi et Hermionè, en une querelle odieuse, à cause du lit nuptial du fils d’Akhilleus, que tu possèdes avec elle.