Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/449

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aux tueurs de Hektôr ? En quoi donc m’est-il doux de vivre ? Vers quoi me faut-il regarder ? Vers ma destinée passée ou présente ? Un seul fils m’était resté, œil de ma vie, et ils vont le tuer, parce que cela leur plaît. Non, certes, il ne périra pas pour sauver ma misérable vie ! En lui est ma dernière espérance qui est de le sauver, et ce serait un opprobre pour moi de ne pas mourir pour mon fils. Voici que je quitte l’autel ; je me livre entre vos mains pour être égorgée, massacrée, pendue par le cou ! Ô fils, moi, ta mère, afin que tu ne meures pas, je vais dans le Hadès ! Si tu échappes à la mort, souviens-toi de ta mère et de ce que j’ai souffert en périssant, et dis à ton père, tandis qu’il t’embrassera, dis-lui, en versant des larmes et en l’entourant de tes bras, quels maux j’ai soufferts. Pour tous les hommes, les enfants sont la vie. Si quelqu’un les en blâme, ne connaissant pas le bonheur d’avoir des enfants, et s’il n’en souffre pas, il est heureux dans le malheur.

LE CHŒUR.

J’ai compassion de toi, ayant entendu tes paroles. Les calamités de tous les mortels, fussent-ils étrangers, sont dignes de pitié. Il te fallait, Ménélaos, ménager une réconciliation entre ta fille et celle-ci, afin de la délivrer de ses maux.

MÉNÉLAOS.

Esclaves, saisissez-la et liez ses mains, car elle n’entendra pas d’agréables paroles. En effet, afin que tu abandonnes l’autel de la Déesse, j’ai annoncé la mort de ton fils, et, par là, je t’ai poussée à te remettre entre mes mains pour être tuée. Sache bien qu’il en sera ainsi de