Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/134

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LE CHŒUR.

Un malheur a frappé l’armée Thrèkienne, il me semble, autant que je puis le comprendre.

LE CONDUCTEUR DE CHAR.
Antistrophe.

L’armée a péri, le Roi est mort par un coup perfide ! La douleur de cette blessure mortelle m’a percé le cœur. Ah ! ah ! hélas ! Plaise aux Dieux que je périsse ! Il me fallait donc mourir honteusement, ainsi que Rhèsos, pour avoir secouru Troia !

LE CHŒUR.

Ces paroles annoncent clairement un malheur ; elles nous apprennent que nos Alliés ont péri.

LE CONDUCTEUR DE CHAR.

La chose est funeste, et très honteuse par surcroît. C’est une double calamité. Mourir glorieusement, en effet, puisqu’il faut mourir, est cruel à la vérité, je pense, pour celui qui meurt. Comment en serait-il autrement ? La gloire et l’illustration de la race appartiennent à ceux qui vivent. Nous, nous périssons honteusement et par imprudence. Après que la main de Hektôr nous eut placés dans le camp, et le signal nous étant confié, nous dormions sur la terre, accablés de fatigue. Et l’armée n’était point gardée par des sentinelles nocturnes, et les armes n’étaient point déposées dans les rangs, et les barres n’étaient point liées au joug des chevaux, parce que le Roi avait