Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/362

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et laisser là les divinations. Elles ne sont qu’une illusion séduisante et vaine, et aucun ne s’est enrichi, sans travailler, par les seules divinations. La prudence et les sages desseins sont les meilleurs divinateurs.




LE CHŒUR.

Je pense des divinateurs ce qu’en pense ce vieillard. Celui qui a les Dieux pour amis possède dans sa demeure la meilleure des divinations.

HÉLÉNÈ.

Certes, jusqu’ici tout est pour le mieux. Mais comment, ô malheureux, es-tu venu sain et sauf de Troia ? À la vérité, il ne m’est pas utile de le savoir ; cependant il est naturel que des amis désirent connaître les maux de leurs amis.

MÉNÉLAOS.

Sans doute, tu me demandes beaucoup de choses, en une seule question, et d’une seule haleine. Que te dirai-je ? Nos désastres dans la mer d’Aigaios, les feux Euboïques de Nauplios, la Krétè, les villes Libyques où j’ai abordé, et l’observatoire de Perseus ? Je ne te satisferais point par mes paroles, et je souffrirais encore en te racontant mes misères, et j’éprouverais un double chagrin.

HÉLÉNÈ.

Tu as mieux parlé que je ne l’ai fait en te questionnant. Dis-moi cependant une seule chose entre toutes les