Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/534

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nérés, et on peut reconnaître, par ce combat, que la justice plaît encore aux Dieux.

Hélas ! hélas ! Ressentez-vous, vieillards, la même terreur que moi ? Quel est ce spectre que je vois au-dessus de la demeure ? Fuyons ! fuyons ! hâte ton pied tardif, enfuis-toi d’ici ! Ô Roi Paian, écarte de moi ces maux !




IRIS.

Rassurez-vous, ô vieillards ! vous voyez Lyssa, la fille de la nuit, et moi, Iris, la messagère des Dieux. Nous ne venons en aucune façon pour la ruine de la Ville, mais bien contre la famille d’un seul homme qu’on dit être né de Zeus et d’Alkmèna ; car, avant d’avoir accompli ses durs travaux, il était soumis à la destinée, et le Père Zeus ne permettait ni à moi, ni à Hèra, de le maltraiter. Mais, puisqu’il a terminé les travaux d’Eurystheus, Hèra veut qu’il se souille du sang des siens, en tuant ses enfants, et je le veux comme elle. Va donc, Fille vierge de la noire Nuit, au cœur inexorable ! jette la démence dans cet homme tueur de ses enfants, trouble son esprit, agite furieusement ses pieds, tourmente-le, charge-le d’un lien mortel, afin que cette belle couronne d’enfants égorgés passe par sa main le détroit Akhérousien, et qu’il sache quelle est notre colère à Hèra et à moi ! Ou les Dieux ne seront rien, ou les mortels seront puissants, si cet homme ne subit ce châtiment.

LYSSA.

Je suis née d’un noble père et d’une noble mère, du sang de Nyx et d’Ouranos, et je n’ai point mission de