Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/571

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mon père, et aussi de ma mère qui l’a aidé. Je viens, selon la parole d’un Dieu, et nul ne le sachant, sur la terre Argienne, afin de rendre le meurtre aux meurtriers de mon père. Cette nuit, je suis allé sur son tombeau, et je lui ai offert mes larmes et les prémices de mes cheveux ; et, à l’insu des tyrans qui commandent à cette terre, j’ai versé sur le bûcher le sang d’une brebis égorgée. Je ne porterai point mon pied en dedans des murs. Ayant un double dessein, je m’arrête sur les confins de ce pays, pour que je puisse m’échapper dans une autre contrée, si quelque espion me reconnaissait cherchant ma sœur, (car ils disent qu’elle s’est mariée et n’est point restée vierge,) afin que je m’entende avec elle et qu’elle prenne part au meurtre, et que je sache d’une façon certaine ce qui se passe dans les demeures. Maintenant donc que Éôs montre son blanc visage, éloignons notre trace de ce sentier. Nous apercevrons quelque laboureur, ou quelque femme servante que nous interrogerons pour savoir si ma sœur habite ce lieu. Mais je vois une femme qui porte sur sa tête rasée une charge d’eau de source. Asseyons-nous, et sachons de cette esclave, Pyladès, si nous pouvons apprendre quelque chose qui concerne le dessein pour lequel nous sommes venus sur cette terre.




ÈLEKTRA.
Strophe I.

Presse le mouvement de tes pieds, il est temps ! Marche, marche en te lamentant ! Hélas sur moi ! Je suis