Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/70

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LE CHŒUR.
Strophe I.

Oiseau qui, autour des écueils rocheux de la mer, chantes ta destinée lamentable ! Halkyôn, qui, de ta douce voix bien comprise des sages, pleures toujours ton époux, je mêle mon deuil au tien, oiseau sans ailes que je suis, regrettant les agoras Hellanes et Artémis Lokhia qui habite le haut Kynthios, sous le léger feuillage des palmiers, sous les lauriers ombreux et l’olivier verdoyant et sacré cher à Latô qui enfantait, auprès du lac circulaire où le Cygne harmonieux célèbre les Muses.

Antistrophe I.

Oh ! que d’innombrables larmes tombèrent sur mes joues, quand, loin des tours renversées, je montai sur les nefs pleines d’avirons et de lances ennemies ! Vendue au prix de beaucoup d’or, je vins sur cette terre Barbare où je sers la vierge, fille d’Agamemnôn, et sacrificatrice de la Déesse tueuse de corps, et les autels qui reçoivent les victimes, enviant ceux dont la destinée a toujours été misérable ; car il souffre moins, celui qui a été élevé dans le malheur. Mais la prospérité est changeante, et la vie est dure aux mortels qui souffrent après avoir été heureux.

Strophe II.

Pour toi, Maîtresse, une nef argienne à cinquante avirons te portera dans tes demeures, et la flûte enduite de cire de Pan montagnard encouragera les rameurs, et le divinateur Phoibos, au son retentissant des sept cordes de