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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/112

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Ceci est juste.

Oreste

Mais que je ne voie pas le tombeau de ma mère !

Pylade

[788] Elle était ton ennemie. — Mais hâte-toi, de peur que la sentence des Argiens ne te prévienne. Appuie sur moi ton corps affaibli par la maladie. Je te porterai à travers la ville, sans m’inquiéter de la multitude, et sans rougir. Car en quel cas montrerais-je mon amitié, si je ne t’aidais dans la terrible extrémité où tu es réduit ?

Oreste

C’est bien là le cas de dire : Ayez des amis, et non pas seulement des proches. Un ami dont le cœur sympathise avec le nôtre, fût-il étranger, vaut mieux que mille parents.

Le Chœur
seul

[807] Cette puissance fastueuse, cette valeur qui s’étalait avec orgueil par toute la Grèce et sur les bords du Simoïs, sont évanouies pour les Atrides, victimes des antiques calamités de leur famille : la querelle de la toison d’or fit naître parmi la race de Tantale ces lamentables festins, et ces massacres de nobles enfants ; et le meurtre, succédant au meurtre de génération en génération, n’a pas épargné les deux Atrides. Ce noble fait n’est point noble à mes yeux, de percer d’une main barbare les flancs qui nous ont donné le jour, et d’offrir à la lumière du soleil le fer teint de sang : mais redoubler l’action coupable, c’est une grande impiété,