Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/136

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cette terre inconnue, où chercher un asile ? Hélas ! où fuir, ô étrangères ? M’envolerai-je à travers les airs ou sur la mer, dont l’Océan à la tête de taureau roule les flots, enveloppant la terre de ses bras immenses ?

Le Chœur

Qu’y a-t-il donc, Troyen, serviteur d’hélène ?

Le Phrygien

Ah ! Ilion, Ilion, capitale de la fertile Phrygie, mont sacré de l’Ida, combien je pleure ta ruine ! Je fais retentir des chants funèbres d’une voix étrangère, déplorant la beauté fatale de la fille de Léda, née d’un œuf de cygne, de cette funeste hélène, et qui est devenue l’Erinnys des murs de Pergame. Hélas ! ô douleurs, ô gémissements ! Malheureuse Dardanie, victime de l’enlèvement de Ganymède, favori de Jupiter !

Le Chœur

Dis-nous en détail ce qui s’est passé dans le palais ; car ce qui précède, sans le savoir à fond, je puis du moins le conjecturer.

Le Phrygien

[1395] C’est le chant funèbre, signal de mort, que les Barbares font entendre ; ce sont les voix asiatiques, lorsque le sang des rois est répandu sur la terre, par le glaive de fer de Pluton. Pour te dire les détails que tu demandes, deux lions grecs et jumeaux sont entrés dans le palais. L’un eut pour père le général de la Grèce ; l’autre est le fils de Strophius, artisan de perfidies, semblable à Ulysse, ourdissant ses ruses en silence, mais fidèle à ses amis ;