Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/139

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les autres de javelots, les autres d’épées. Pylade s’avance contre nous avec impétuosité, tel qu’Hector le héros de la Phrygie, ou tel qu’Ajax au casque orné d’une triple aigrette, que je vis jadis aux portes du palais de Priam. La mêlée des glaives s’engage : alors les Phrygiens ont montré d’une manière éclatante combien dans les combats de Mars ils sont inférieurs à la lance des Grecs. L’un prend la fuite, l’autre expire ; celui-ci est couvert de blessures, celui-là supplie pour se soustraire à la mort. Enfin, nous échappons à la faveur des ténèbres. Plusieurs restent morts ou mourants sur la place. Sur ces entrefaites, arrive la malheureuse Hermione, au moment où sa mère infortunée allait tomber expirante. Aussitôt les meurtriers, tels que deux bacchantes sans thyrses, s’élancent sur elle, comme sur le faon des montagnes ; et en même temps ils portaient encore le coup mortel à la fille de Jupiter. Mais… ô Jupiter ! ô terre ! ô lumière du soleil ! ô ténèbres de la nuit ! subitement elle a disparu, soit par quelque enchantement, ou par l’art des mages, ou dérobée par la main des dieux. Ce qui s’est passé depuis, je l’ignore, car j’ai porté loin du palais mes pas fugitifs ; mais c’est en vain que Ménélas a subi tant de fatigues et de souffrances, pour aller à Troie reconquérir son épouse Hélène.

Le Chœur

[1503] A ces événements déjà succède un événement nouveau : car je vois aux portes du palais Oreste, le glaive en main, accourir d’un pas empressé.

Oreste

Où est-il cet esclave qui s’est dérobé à mon glaive, en fuyant du palais ?

Le Phrygien