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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/149

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terre de cette foule de mortels orgueilleux qui la surchargent. Voilà pour ce qui concerne hélène. Pour toi, Oreste, il faut que tu sortes des frontières de ce pays, pour habiter Parrhasie pendant la révolution d’une année ; elle empruntera son nom à ton exil ; les Arcades et les Azaniens l’appelleront Orestie. De là tu iras dans la ville d’Athènes, où tu auras à rendre compte de ton parricide aux trois Euménides, tes accusatrices. Les dieux seront juges du procès, et rendront leur sentence sacrée dans l’Aréopage, où tu dois triompher. Cette même Hermione, sur laquelle tu tiens le glaive suspendu, est l’épouse que les dieux te réservent. Néoptolème, qui prétend à sa main, ne l’obtiendra jamais. Son destin est de périr sous un fer meurtrier à Delphes, où il viendra me demander vengeance pour son père Achille. Quant à Pylade, donne-lui pour épouse ta sœur, que tu lui as promise. Le bonheur attend le reste de leurs jours. Et toi, Ménélas, laisse Oreste commander dans Argos ; retourne régner sur la terre de Sparte ; jouis de la dot d’une épouse pour qui tu as subi des travaux sans cesse renaissants. Quant à la ville, c’est à moi de te justifier à ses yeux, moi qui ai commandé le parricide.

Oreste

[1666] Ô Apollon, Dieu prophète, tes oracles n’étaient donc pas trompeurs, ils étaient véridiques. J’ai craint, je l’avoue, d’avoir pris la voix de quelque divinité trompeuse pour la tienne. Mais tout a une heureuse issue, et j’obéirai à tes ordres : dès ce moment je délivre Hermione de la mort, et je la prendrai pour épouse, si son père me la donne.


Ménélas