Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/25

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 ma mère, quel incroyable malheur m’annonces-tu là ? Répète, répète-moi ces tristes paroles.

HÉCUBE.

Écoute, mon enfant, cette terrible nouvelle : on m’annonce que l’assemblée des Grecs a prononcé sur ta vie.

POLYXÈNE.

O mère infortunée, éprouvée par tant de revers, quelle nouvelle calamité, redoutable, inouïe, un dieu a-t-il suscitée contre toi ? Hélas ! ta fille n’est plus ; je ne pourrai plus, compagne de ton esclavage, partager les maux de ta vieillesse. Comme le petit d’une lionne, ou comme une génisse nourrie sur les montagnes, ainsi tu me verras, malheureuse, arrachée de tes bras, frappée du coup fatal, et précipitée dans le séjour ténébreux de Pluton, où je serai couchée parmi les morts. Ah ! c’est sur toi, mère infortunée, c’est sur toi que je pleure et que je gémis : quant à ma vie, tissu d’opprobre et de misère, elle ne mérite pas mes regrets ; mourir est plutôt un bonheur pour moi.

LE CHŒUR.

[216] Hécube, voici Ulysse qui hâte ses pas vers toi ; il a quelque chose de nouveau à t’apprendre.

ULYSSE.

Femme, je pense que tu connais la résolution de l’armée, et l’avis qui a prévalu ; cependant, je dois t’en instruire. Les Grecs ont résolu d’immoler ta fille Polyxène sur le tombeau d’Achille, et c’est moi qu’ils chargent de l’accompagner et de la conduire. Le fils d’Achille a été choisi pour présider au sacrifice, et pour l’accomplir. Prends donc un sage parti ; cède sans violence, et ne me