Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/302

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avec ce qui te touche ? d’où te vient ce désir de claires fontaines, quand près du palais coule une source d’eau vive, où tu peux te désaltérer ?

Phèdre.

Diane, souveraine de Limné, qui présides aux exercices équestres, que ne suis-je dans les plaines où tu règnes, occupée à dompter des coursiers vénètes !

La Nourrice.

233Pourquoi encore cette parole insensée qui vient de t’échapper ? Naguère tu t’élançais sur la montagne, poursuivant le plaisir de la chasse ; et maintenant c’est sur le sable du rivage que tu veux guider tes coursiers. Ah ! ma fille, c’est aux devins qu’il faut demander quel est le dieu qui agite et qui fait délirer ton esprit.

Phèdre.

Malheureuse, qu’ai-je fait ? où ai-je laissé égarer ma raison ? je suis en proie au délire, un dieu malveillant m’y a plongée. Infortunée que je suis ! Chère nourrice, remets ce voile sur ma tête ; j’ai honte de ce que j’ai dit. Cache-moi ; des larmes s’échappent de mes yeux, et mon visage se couvre de honte. Le retour de ma raison est pour moi un supplice : le délire est un malheur sans doute ; mais il vaut mieux périr sans connaître son mal.

La Nourrice.

250Je voile ton visage : quand la mort voilera-t-elle ainsi