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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/311

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Voilà, chères amies, voilà ce qui me décide à mourir ; je ne veux point déshonorer mon époux et les enfants dont je suis mère : qu’ils puissent habiter la noble Athènes, libres, florissants, parlant sans crainte, et glorieux de leur mère ; car l’homme, même le plus intrépide, devient esclave dès qu’il a à rougir de sa mère ou de son père. On le dit avec raison, le seul bien préférable à la vie, c’est un cœur juste et honnête. Le temps dévoile les méchants, lorsque le moment est venu, comme un miroir reproduit les traits de la jeune fille qui s’y contemple : que jamais on ne m’associe à leur nombre !

Le Chœur.

Ciel ! que la vertu est belle, et quels glorieux hommages elle obtient parmi les mortels !

La Nourrice.

433Ô ma maîtresse, tout à l’heure, il est vrai, ton malheur m’a inspiré soudain un effroi terrible : mais à présent je reconnais mon erreur ; et, chez les hommes, la réflexion est plus sage d’ordinaire que le premier mouvement. Ce qui t’arrive n’a en effet rien d’extraordinaire, ni qui surpasse la raison ; la colère d’une déesse s’est appesantie sur toi. Tu aimes : qu’y a-t-il d’étonnant ? c’est le partage de bien des mortels. Et faut-il que l’amour te fasse renoncer à la vie ? Malheur à ceux qui aiment ou qui aimeront désormais, si la mort est le prix qui leur