Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui me porte, jamais je n’attentai sur le lit paternel, jamais je n’en eus le désir, jamais je n’en conçus la pensée. Que je meure obscur et sans nom, sans patrie, sans famille, errant, proscrit de ma terre natale ; que la terre et la mer rejettent de leur sein mon corps privé de sépulture, si j’ai commis le forfait qu’on m’impute. Quant à Phèdre, si la crainte l’a portée à se donner la mort, c’est ce que j’ignore ; il ne m’est pas permis d’en dire davantage. Elle a été avisée, ne pouvant être chaste : mais moi qui ai la chasteté, j’ai manqué de prudence.

Le Chœur.

1036Tu t’es suffisamment justifié d’une odieuse accusation, en prenant les dieux à témoin de tes serments.

Thésée.

N’est-ce pas un enchanteur et un faiseur de prodiges, pour espérer fléchir mon âme à force de soumission, après m’avoir indignement outragé ?

Hippolyte.

De ta part, mon père, une chose m’étonne : si tu étais mon fils, et moi ton père, je t’aurais donné la mort, au lieu de te punir de l’exil, si tu avais osé porter sur mon épouse une main criminelle.

Thésée.

Combien cet arrêt est juste ! Mais tu ne mourras pas en vertu de la loi que tu t’imposes toi-même : une prompte mort doit en effet plaire au malheureux. Mais, errant exilé de ta patrie, tu traîneras une vie misérable sur une terre étrangère : voilà le prix réservé à l’homme impie.

Hippolyte.

Ô dieux ! que vas-tu faire ? N’attendras-tu pas les révélations