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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/336

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Je le ferai, si tu n’obéis à mes ordres ; car je n’ai aucune pitié pour ton exil. (Il sort.)

Hippolyte.

1090L’arrêt est irrévocable, je le vois. Malheureux que je suis, je sais la preuve de mon innocence, et je n’ose la révéler ! Ô la plus chère des déesses, fille de Latone, ô ma divine protectrice, avec qui je partageais les plaisirs de la chasse, il me faut donc fuir la glorieuse Athènes ! Adieu, cité illustre, adieu, terre d’Érechthée. Ô sol de Trézène, lieux fortunés où s’est passée ma jeunesse, adieu ; c’est la dernière fois que je vous adresse la parole. Et vous, mes jeunes compagnons, de même âge que moi, venez, que vos vœux me suivent, conduisez mes pas hors de cette contrée. Jamais vous ne trouverez un cœur plus chaste que le mien, malgré l’injuste opinion de mon père.

Le Chœur, seul.

1104La sollicitude des dieux, lorsqu’elle revient à mon esprit, me délivre de bien des inquiétudes : mais quand je crois comprendre leur providence, cet espoir m’abandonne, aussitôt que j’envisage le sort et les actions des mortels ; car ils sont le jouet de continuelles vicissitudes, et la vie humaine est en proie à une éternelle instabilité.

Que la divine destinée accorde à mes prières une fortune qui suffise au bonheur, un cœur exempt de soucis, une renommée qui ne soit ni trop éclatante, ni trop obscure ; changeant chaque jour mes mœurs faciles,