Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/343

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ses paroles ; et cependant, quand il portait le poids de tes malédictions, il ne voulut pas manquer à son serment, car il était pieux. Pour Phèdre, craignant de se voir trahie, elle a écrit ces lettres calomnieuses qui ont perdu ton fils, et auxquelles tu as ajouté foi.

Thésée.

Hélas !

Diane.

1313Thésée, ce récit te déchire ; mais reste tranquille, écoute la suite, et tu gémiras bien plus encore. N’avais-tu pas à réclamer de ton père l’accomplissement de trois vœux ? tu en as fait tomber un sur ton fils, cruel, quand tu pouvais le faire tomber sur un ennemi. Ton père, Neptune, guidé par la justice, t’a accordé ce qu’il devait, puisqu’il t’avait promis : mais tu t’es montré coupable envers lui et envers moi, toi qui n’as attendu ni les preuves, ni les paroles des devins ; toi qui, au lieu de laisser au temps le soin d’éclaircir tes soupçons, as précipité ta vengeance, et lancé contre ton fils des imprécations qui ont causé sa mort.

Thésée.

Ah ! déesse, que je meure !

Diane.

1325Ton crime est affreux ; toutefois, tu peux encore en obtenir le pardon. C’est Vénus qui l’a voulu ainsi, pour satisfaire son ressentiment. Telle est la loi des dieux ; aucun d’eux n’ose s’opposer aux désirs et aux volontés d’un autre, mais nous nous cédons mutuellement. Car, sache-le bien, sans la crainte que j’ai de Jupiter, jamais je n’en serais venue à ce degré de honte, de laisser mourir celui de tous les mortels qui m’est le plus cher. Cependant ta faute a pour excuse d’abord l’ignorance, et ensuite la mort de ton épouse, qui a fait disparaître les